Spirit of the North 2 (version dématérialisée, v1.000.005, sortie le 8 mai 2025), Développeur: Infuse Studio, Éditeur: Silver Lining Interactive
Avant toute chose, sachez que je n’avais pas forcément accroché au premier épisode que j’avais pu tester sur Nintendo Switch et qu’il m’a donc fallu faire table rase du passé pour me jeter dans cette nouvelle aventure. Développé par Infuse Studio, Spirit of the North 2 arrive six années après le premier volet qui a connu un certain succès et va donc tenter de surfer sur cela, tout en apportant son lot de nouveautés. A noter que la quasi intégralité du test s’est déroulé via le PlayStation Portal, avec l’utilisation d’écouteurs pour être vraiment au coeur de l’expérience, le reste se faisant sur PS5 Pro branchée sur une TV 4K.
Le titre commence par une personnalisation de votre protagoniste, un renard, ce qui donne vraiment l’impression d’être dans un jeu tel qu’on en voit des dizaines (mais en remplaçant les humains par les renards). Le titre prend la forme d’un jeu en vue à la troisième personne (à ras du sol), sans dialogues malgré l’aide que pourra vous apporter votre compagnon corbeau.
Le jeu reprend les bases du premier opus : narration environnementale, absence de dialogues, exploration méditative. Vous y incarnez donc à nouveau un renard, cette fois guidé par un corbeau, dans une quête visant à purifier des terres corrompues par Grimnir, un chaman maléfique. L’univers s’inspire toujours du folklore nordique, mais la narration reste cryptique, distillée par les décors et les objets à collecter (parchemins, runes…). La nouveauté majeure : un monde ouvert. Fini les couloirs linéaires, place à une île vaste à explorer, ponctuée de colonnes de fumée rouge indiquant les zones clés. Une liberté bienvenue, bien que la carte manque de clarté et que l’exploration reste guidée.
Propulsé par le moteur Unreal Engine 5, Spirit of the North 2 propose des environnements variés : falaises, villages en ruine, cavernes embrumées, zones volcaniques… La direction artistique est réussie, avec une colorimétrie terne mais maîtrisée, évoquant les Highlands en Ecosse. Le mode photo permet d’immortaliser les plus beaux panoramas. Cependant, techniquement, le jeu montre ses limites : clipping, bugs visuels, et une fluidité parfois instable sur PS5 Pro. Rien de rédhibitoire, mais on sent que l’ambition dépasse parfois les moyens du studio.
Le gameplay repose sur trois piliers : exploration, énigmes environnementales et plateformes. Le renard gagne des compétences au fil de l’aventure (planer, bondir, forme spirituelle…), débloquées via des bénédictions obtenues en affrontant des gardiens corrompus. Ces affrontements, bien que pacifiques, apportent une tension bienvenue. Autre ajout : un arbre de compétences et un système de runes à apposer sur le corps du renard, influant sur ses capacités. On peut aussi personnaliser son apparence (pelage, yeux, museau…), une touche cosmétique qui renforce l’attachement au personnage. Malheureusement, la caméra reste capricieuse, notamment dans les phases de plateformes, et certains bugs de collision viennent ternir l’expérience. Les commandes sont simples, mais parfois imprécises, ce qui peut frustrer dans les zones escarpées ou les sauts (qui paraissent simples de prime abord).
La bande-son, atmosphérique et mélancolique, accompagne parfaitement l’exploration et rappelle Journey ou The Last Guardian, tout en participant à l’émotion du voyage.
Le titre vous propose une aventure de 15 à 20 heures, enrichie par un monde ouvert et des énigmes plus variées, mais avec pas mal de longueurs et de gros problèmes de rythme par moment. En comparaison, le premier épisode offrait une expérience plus linéaire d’environ 5 à 8 heures : la bonne durée serait sans doute un compromis entre les deux…
Au final, Spirit of the North 2 est une suite plus ambitieuse, plus vaste, et plus riche que son prédécesseur. Il réussit à conserver son âme contemplative tout en ajoutant des mécaniques de progression et une structure en monde ouvert. Mais il trébuche sur des détails techniques et ergonomiques qui freinent l’immersion. S’il peut être recommandé pour les amateurs d’expériences poétiques et les fans du premier opus, les joueurs en quête de gameplay précis ou de narration forte pourraient rester sur leur faim…