Skull Island: Rise of Kong (version dématérialisée, v1.1.0, sortie le 17 octobre 2023), Développeur: IguanaBee, Éditeur: GameMill Entertainment

Développé par le studio chilien IguanaBee, Skull Island: Rise of Kong a tout du produit sorti de nulle part puisque le jeu s’appuie sur une grosse licence (King Kong, MonsterVerse) sans aucun parallèle avec une grosse sortie cinématographique. Il y a bien une série TV qui se focalise sur l’organisation Monarch qui étudie tous ces organismes, mais pas certain que sa sortie sur AppleTV+ soit un véritable moteur pour relancer l’engouement autour de cet univers (même si la série semble être très très bonne). De plus, et vous l’avez peut-être lu ici ou là, le développement du jeu a été réalisé par une équipe très réduite: 2 à 20 personnes sur une durée de douze mois, avec un budget assez limité confié par GameMill Entertainment. Bref, tout était réuni pour que le jeu devienne la nouvelle risée d’Internet…

Le scénario du jeu nous plonge dans les premières années de Kong sur une île inconnue du Pacifique baptisée Skull Island (L’île au Crâne). Tandis que l’introduction du jeu nous demande de prendre en main sa mère, nous allons rapidement assister à l’affrontement entre ses parents et une sorte de lézard géant (Gaw enragée) qui va les tuer assez sauvagement avant de tenter d’arracher la vie au (très) jeune Kong. Dès lors, ce dernier n’a d’autre choix que de s’enfuir et de se cacher en attendant que le danger ne s’amenuise. Quelques années plus tard, devenu un peu plus fort, vous allez tenter l’impensable: venger vos parents…

Comme dans beaucoup de jeux, l’introduction nous permet de prendre en main un personnage doté de pas mal de capacités et de force, avant de jouer le retournement de situation en nous imposant d’incarner un autre personnage (Kong dans le cas présent) qui doit encore tout apprendre. Il y a donc souvent ce sentiment de frustration qui s’en mêle, sauf qu’ici, on ne peut pas dire que l’introduction était vraiment flamboyante et cela ne fait surtout que rajouter de la lassitude…

D’un point de vue graphique, le jeu est très très loin de répondre aux critères actuels et il aurait déjà posé problème en sortant tel quel à l’époque de la PlayStation 2 avec son côté cel-shading approximatif. Comprenez par là que les environnements sont moroses et manquent de texture, les personnages sont quelconques et même les effets sont ratés. Il n’y a qu’à voir la poussière qui colle aux pieds de Kong lorsqu’il court: on a plus l’impression d’avoir affaire à un amas de bouillie qu’à quelque chose de vraiment réfléchi. Mais c’est également le cas pour les effets lors des combats alors que c’est censé être le coeur du jeu en dehors de l’exploration, ou même lorsque vous devrez arracher les rochers du sol pour essayer de les lancer sur vos adversaires. D’ailleurs, en parlant de la découverte de l’île, il faut bien avouer qu’il n’y a pas vraiment eu de réflexion ou de recherche pour créer un monde digne de ce nom: le jeu fonctionne la plupart du temps en mode couloir avec très peu de bonnes idées pour donner envie aux joueurs de continuer. Si vous êtes perdus, la carte ne servant strictement à rien, il y a tout de même la possibilité de rugir en vous tapant sur la poitrine afin d’obtenir un indice visuel qui vous montre la direction à suivre.

La difficulté étant assez mal dosée, et les combats n’étant pas vraiment maitrisés, on arrive à avoir pas mal de moments de solitude puisqu’il peut être assez simple de se débarrasser de certains boss, là où des hordes d’ennemis considérés comme faiblards peuvent vous renverser assez facilement. Alors évidemment il y a la possibilité de regagner de la vie ici ou là, ou même de rendre les combats plus simples en améliorant vos capacités, mais l’ensemble reste assez terne au final et manque cruellement de sensation de puissance pour le futur Roi.

Soyons francs, la seule chose qui peut vous poussez à continuer de jouer après trente minutes de jeux, c’est uniquement pour rentabiliser l’achat (le jeu est proposé au tarif fort), et/ou si vous souhaitez partager un avis sur le jeu (mon cas personnel). Si ces conditions ne sont pas réunies, il n’y a vraiment aucune raison de vouloir se faire du mal à explorer cette île, surtout que cela pourrait vous faire perdre cinq heures de votre vie pour un résultat particulièrement décevant.

Au final, Skull Island: Rise of Kong est ce que l’on appelle communément un accident industriel et l’éditeur GameMill devra très certainement porter ce lourd fardeau durant plusieurs années car si l’on en croit les développeurs (qui ont beaucoup parlé de manière anonyme après la sortie du jeu), le titre a été développé très rapidement, par une équipe trop réduite, et avec un budget sans commune mesure avec la licence à mettre en avant. Nous obtenons donc un jeu sans saveur, aux graphismes et au moteur ultra datés, avec une localisation indigne, et une proposition vidéoludique générale vraiment oubliable. Soyons francs, on sent que les développeurs ont tenté de limiter le casse et ni vous, ni moi, ne serions certainement capable de sortir un tel résultat en l’espace de douze mois, mais nous parlons ici d’un produit culturel vendu à 40 Euros avec des artworks qui donnent envie, tout ça pour se retrouver avec un résultat bancal et qui est devenu la risée de 2023. Le Roi des Singes méritait bien mieux que cela, et il va désormais falloir s’atteler à redorer le blason de la franchise…

Skull Island Rise Of Kong Keyart
Skull Island: Rise of Kong (Switch)
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