Suicide Squad: Kill the Justice League (version dématérialisée, v1.009.000, sortie le 2 février 2024), Développeur: Rocksteady Studios, Éditeur: Warner Bros Games

Développé par Rocksteady Studios, à qui l’on doit la trilogie Batman Arkham, Suicide Squad: Kill the Justice League est un projet qui a été mené à bien dans la douleur. Des années après Batman Arkham Knight, le titre fut enfin annoncé en août 2020 avec une première fenêtre de sortie calée en 2022. Las, reports après reports, il aura finalement fallu attendre février 2024 pour avoir la possibilité de mettre la main sur le jeu, et de pouvoir ainsi juger par soi-même ce que ce Game as a Service (GaaS) avait dans le ventre, histoire de couper court aux rumeurs les plus folles. A noter tout de même que le jeu se situe dans le même univers que Batman Arkham, et qu’il se déroule cinq années après les évènements du dernier épisode…

Si vous avez suivi un tant soit peu l’actualité autour des films Suicide Squad, vous savez grossièrement de quoi il s’agit. Dans ce jeu, nous retrouvons donc Harley QuinnDeadshotCaptain Boomerang et King Shark, contraints et forcés de faire équipe pour mener à bien une mission ‘suicide’ sous les ordres d’Amanda Waller (cette dernière leur ayant gentillement administré des implants explosifs dans la tête, histoire de les rendre plus obéissant/malléable). Mais la fameuse Task Force X va avoir fort à faire puisque l’objectif de la mission n’est autre que de vaincre la plus grande équipe de super-héros de l’univers DC, j’ai nommé la Justice League, composée entre autres de Superman, Batman, Green Lantern et The Flash. Ces derniers sont désormais sous le contrôle de Brainiac et mettent Metropolis à feu et à sang. Saurez-vous les remettre dans le droit chemin ?

Avant d’aller plus loin, sachez que je suis un fan inconditionnel des aventures de Batman, voire de la Bat Family en général, en comics. J’ai un peu plus de mal avec les aventures de Superman ou Green Lantern, notamment en raison de l’aspect cosmique qui me fait souvent lâcher mes lectures. Je possède donc une bonne connaissance de l’univers au global.

Histoire de taper directement là où ça fait mal, même si vous prévoyez uniquement de jouer en solo au jeu, sachez que la connexion Internet est obligatoire. En effet, il faut savoir que le titre est surtout prévu pour être joué en coopératif, de préférence avec trois amis. Il est bien évidemment possible de jouer seul, auquel cas vous serez accompagné par l’IA qui prendra le contrôle de vos camarades d’infortune, sachant qu’il vous sera possible de passer de l’un à l’autre très simplement. Une mise-à-jour devrait sortir en 2024, permettant notamment de profiter du titre sans connexion obligatoire mais nous n’avons pas plus d’informations pour l’instant.

Concernant la construction du titre, il faut également avouer que l’introduction fait un peu bricolage, en vous donnant le contrôle (tour à tour) de chaque personnage avec pas mal de capacités, avant de vous renvoyer subitement sept jours plus tôt, là où tout a commencé. C’est une façon de faire assez utilisée dans des comics ou des séries, mais de mon côté, je n’en suis pas du tout fan: cela fleure bon la facilité et l’on passe ensuite des heures et des heures à attendre de rattraper le moment tant attendu.

De plus, il faut avouer que le gameplay de cette introduction n’est pas vraiment folichonne: la combinaison des touches nécessaires pour traverser de grands espaces est assez étrange, et la jouabilité étant différente d’un personnage à un autre, difficile de vraiment s’engager dès le départ. C’est aussi ce genre de problème qui fait que l’on se focalise surtout sur un personnage afin de le maitriser comme il se doit, tout en évitant de jouer avec les autres. Heureusement, cette recherche constante de déplacements est contre-balancée par des mécaniques de combat assez réussies, que ce soit lors des phases au corps à corps, lors des affrontements à distance, avec les super-attaques ou en tirant parti de certaines fonctionnalités comme le contre.

Mais tout n’est pas à jeter car il faut avouer que les relations entre nos quatre protagonistes sont réussies, et que les enchainements de vannes fonctionnent plutôt bien, tout en ayant un ton qui n’est pas forcément à mettre entre toutes les mains. Il faut d’ailleurs noter que les doublages en français sont vraiment réussis, et que si certains puristes préfèreront se plonger dans les voix en VO, notamment pour entendre Kevin Conroy (Batman), il n’y a pas de quoi rougir en souhaitant rester sur la VF. On ressent d’ailleurs la cohésion de l’équipe, alors que ce n’était pas gagné au premier abord !

Le titre étant pensé sur la durée, c’est ce que l’on peut espérer pour les développeurs en tous cas, il proposera un contenu saisonnier gratuit pour enrichir l’expérience avec de nouveaux personnages jouables, des missions, des équipements, des armes, des cosmétiques, des événements en jeu et bien plus encore, dont les possesseurs du jeu pourront profiter sans frais supplémentaires. A commencer par la Saison 1 qui débutera en mars 2024 et qui mettra en avant le Joker dans une réalité alternative. Les premiers chiffres de vente étant assez mauvais, il y a forcément de grandes questions par rapport au suivi du jeu par le studio au-delà de cette Saison 1 et il faudra malheureusement croiser les doigts très forts en espérant que l’éditeur (Warner Bros) ne décide pas de couper le cordon trop tôt…

En l’état, on a surtout l’impression que le studio a puisé des idées dans Marvel’s Avengers (Square Enix), sans vraiment se poser la question de ce qui pourrait ou non être retranscris dans un univers DC, avec des attentes d’un tout autre niveau, et un public plus adulte. Toujours est-il qu’il faudra compter moins de quinze heures pour voir le bout du tunnel, c’est-à-dire pour découvrir cette fin qui ne dit pas son nom et qui sera certainement développée dans la suite des saisons. Vous vous retrouverez alors à enchainer les missions annexes dans un Endgame pas franchement captivant, ce qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde, en attendant de passer à autre chose.

Au final, Suicide Squad: Kill the Justice League est un action-RPG pas vraiment fini et qui est sans doute sorti trop tôt pour nous servir un spectacle pas forcément à la hauteur de ce que Rocksteady Studios a pu nous offrir par le passé. Soyons honnêtes, le résultat n’est pas la catastrophe annoncée ici ou là: on sent le respect de l’univers, l’ensemble est plutôt agréable à l’oeil, mais le tout reste trop générique et on perçoit vraiment un manque d’innovation ou de prise de risque pour nous offrir un titre hors du commun. Les polémiques autour du Live Service auront également la vie dure puisque le titre n’est pas (encore) jouable sans connexion Internet : bien sûr, quasi tous les joueurs ont désormais leur console connectée en permanence mais nombre d’entre nous souhaitent simplement jouer tranquillement en solo, sans attache particulière. L’échec commercial du jeu aura certainement des impacts sur son suivi à moyen ou long terme, en espérant qu’il ne soit pas mort-né: le principe des saisons est intéressant, mais il faudra vraiment des trésors d’ingéniosité afin de faire venir/revenir les joueurs qui ont déjà fort à faire sur les autres titres du même genre…

Suicide Squad Kill The Justice League Art
Suicide Squad: Kill the Justice League (PS5)
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