Death Stranding 2: On the Beach (version dématérialisée, v1.007.000, sortie le 26 juin 2025), Développeur: Kojima Productions, Éditeur: Sony Interactive Entertainment
En 2019, Hideo Kojima nous a gratifié d’un nouveau succès critique, Death Stranding, par le biais de son propre studio, le bien nommé Kojima Productions. Lancé sur PS4, le titre faisait déjà à l’époque la part belle à la capture de mouvements de stars du cinéma (Norman Reedus, Léa Seydoux, et Mads Mikkelsen pour les rôles principaux). Mais surprise, deux ans plus tard, le jeu a reçu une nouvelle version, Death Stranding: Director’s Cut, ajoutant de nouvelles fonctionnalités et une (courte) intrigue supplémentaire, tout en profitant du hardware plus puissant de la PS5.
Pour être tout à fait honnête, même si j’ai passé une bonne quarantaine d’heures sur ce premier épisode, je n’ai jamais eu le courage d’aller jusqu’à la fin de cette aventure: le coeur n’y était plus et d’autres titres vidéoludiques ont fait leur apparition. Si vous êtes dans le même cas que moi, ou si vous n’y avez tout simplement jamais joué, sachez qu’une option du menu principal permet de résumer les évènements de cet opus (ou alors il y a une autre vidéo à retrouver ci-dessous). L’effort est tout à fait louable mais les scénarios et les univers imaginés par Hideo Kojima étant tellement tentaculaires que je plains les joueurs qui voudront se lancer dans l’aventure avec Death Stranding 2: On the Beach sans avoir à minima passé quelques heures sur le précédent jeu, ne serait-ce que pour comprendre la véritable nature du Death Stranding, ce que sont les Villes-Unies d’Amérique ou encore assimiler tout l’histoire d’Amélie…
L’aventure a été menée sur PS5 Pro sur TV 4K, donc dans d’excellentes conditions, sachant que certaines missions ont tout de même été traversées via le PlayStation Portal par soucis de planning. A noter qu’il faudra choisir entre le mode Qualité (2160p et 30 fps) ou le mode Performance (1440p et 60fps) : je ne saurais que trop vous conseiller de tester les deux pendant quelques minutes. Quant à moi, mon dévolu s’est jeté sur le mode Performance qui apporte une expérience optimale sans sacrifier la beauté visuelle…
Dans Death Stranding 2: On the Beach, Sam Porter Bridges (Norman Reedus) reprend sa mission pour connecter l’Australie et le Mexique au réseau chiral. Le monde est ravagé par le Death Stranding, un phénomène surnaturel qui a fusionné les mondes des vivants et des morts. Il provoque l’apparition de créatures spectrales appelées Échoués, la pluie accélérant le vieillissement (précipitations), et des explosions dévastatrices (néantisations). Sam doit protéger Lou, sa fille adoptive, tout en affrontant des ennemis humains, des catastrophes naturelles et des fantômes du passé. Le jeu explore les thèmes de l’isolement, de la connexion humaine et du deuil dans un univers post-apocalyptique aussi poétique qu’hostile. Et comme d’habitude avec Kojima, il faudra vous attendre à de nombreux rebondissements, des révélations qui s’enchainent et à une fin complètement folle. Certes le jeu vous proposera des cinématiques longues, avec parfois des dialogues un brin pompeux, mais la mise en scène reste ambitieuse et on est vraiment dans le haut du panier des expériences vidéoludiques.
Le moteur Decima Engine continue à faire des merveilles. On le pressentait déjà sur les différentes vidéos avant la sortie du jeu mais c’est encore plus flagrant lorsqu’on a la manette en mains. Déjà au niveau de la modélisation des personnages, les personnages (principaux ou non) sont bluffants de réalisme: les expressions faciales, les animations et les détails corporels sont d’un niveau cinématographique et la frontière entre jeu vidéo et cinéma n’a jamais semblé aussi fragile. Mais ce n’est pas tout puisque les environnements profitent également à fond du moteur et vos nouveaux terrains de jeux ((déserts, forêts, montagnes enneigées) regorgent de détails: chaque biome est vivant, varié et magnifiquement rendu. Les effets météo (pluie, tempêtes de sable, séismes) influencent non seulement l’atmosphère globale du titre, mais aussi le gameplay: tout est calculé, rien n’est vraiment futile ou balancé aux joueurs pour le simple effet wahou.
Du côté de la jouabilité, si l’on veut déjà comparer au précédent épisode, le gameplay a gagné en fluidité et en variété. L’infiltration est plus souple, avec des mécaniques inspirées de Metal Gear Solid, et les phases d’action sont mieux intégrées. L’ajout de véhicules comme les monorails facilite les livraisons, tandis qu’un arbre de compétences (APAS) récompensera votre ténacité. Le monde est plus hostile : séismes, tempêtes et incendies modifient la topographie et influencent les déplacements, rendant chaque trajet plus stratégique. Enfin, l’interface a été simplifiée, rendant la navigation plus intuitive. Mais attention, car certaines frustrations persistent, à commencer par les livraisons qui restent centrales et, malgré les nouveautés, une forme de répétitivité s’installe. La caméra peut être capricieuse en combat, et l’infiltration, bien qu’améliorée, reste parfois moins efficace que l’action brute. On s’y fait bien évidemment, et certains sujets (comme la caméra) pourront être améliorés à l’avenir via des mises à jour, et tout cela reste forcément assez anecdotique par rapport à la maestria de l’ensemble.
On appréciera le travail effectué sur la localisation en français, que ce soit au niveau du doublage (on sent le professionnalisme) ou tout simplement au niveau des textes: c’est à ce genre de détail que l’on comprend le soin apporté à une oeuvre, et cela permet également au plus grand nombre de se plonger dans l’histoire. La bande son, signée Woodkid, n’est pas en reste et plusieurs morceaux risquent de finir dans vos futures playlists pour les réécouter en boucle. Enfin, l’ambiance sonore globale a été peaufinée à l’extrême: bruits de pas, pluie, vent, cris des échoués… tout est pensé pour renforcer l’immersion !
En terme de durée de vie, le choix de la difficulté (parmi quatre possibilités) aura forcément un énorme impact sur le temps à consacrer au jeu, sans compter votre envie de décrocher ou non le fameux Trophée Platine. Pour ma part, au moment d’écrire ces lignes et d’avoir enfin vu la fin, j’en suis à plus de soixante heures de jeu en ayant encore beaucoup de contenus à voir ou débloquer. Le titre se décompose en seize chapitres d’une durée inégale, avec une cinquantaine de Commandes Principales (Main Orders en version originale) à réaliser. A noter qu’il sera ensuite possible de vaquer librement à vos occupations pour finir vos activités.
Au final, Death Stranding 2: On the Beach continue sur la lignée des chefs d’oeuvre qui ont la patte Hideo Kojima: les visuels sont époustouflants, le scénario est dense, et la jouabilité parvient encore à passer un cran. Las, certains y verront toujours un simulateur de type Fed-Ex et ceux qui sont à la recherche d’un jeu d’action nerveux devront certainement passer leur chemin. En revanche, pour ceux qui ont su apprécier le premier épisode, qui restent sensibles à l’esthétique, qui aiment la narration et prendre leur temps, ils y découvriront une expérience marquante, qui ne cherche pas à plaire à tout le monde mais c’est sans doute là sa plus grande force…