The Legend of Heroes: Trails into Reverie (version physique, v1.0.2, sortie le 7 juillet 2023), Développeur: Nihon Falcom, Éditeur: NIS America

NIS America et Nihon Falcom continuent leur énorme travail sur la franchise Trails puisqu’après nous avoir proposé une remasterisation de l’Arc Crossbell (Trails from Zero / Trails to Azure), nous voyons débarquer un nouvel épisode baptisé The Legend of Heroes: Trails into Reverie. Le rythme est vraiment très soutenu et vu le temps nécessaire pour venir à bout de chaque titre, nul doute qu’il est difficile de suivre tout cela pour un joueur lambda. Qui plus est, cet épisode est une fois de plus proposé avec un doublage en japonais/anglais et des textes en anglais, ce qui empêchera certains joueurs de vouloir s’y plonger en toute quiétude. Quoiqu’il en soit, pour en revenir aux origines du titre, sachez qu’il est tout d’abord sorti au Japon sur PS4 en 2020, puis sur Nintendo Switch en 2021, avant d’arriver en Occident en 2023 sur l’ensemble des plateformes: nous sommes donc en droit de nous attendre à un gameplay plus poussé que les adaptations précédentes. Le titre est une suite à Trails of Cold Steel IV (2021) et se positionne comme étant le dixième jeu de la série, avec un univers toujours aussi riche et complexe.

Le prologue du titre débute en février 1207 et vous plonge au coeur de l’histoire à travers les yeux de la SSS (Special Support Section) et de son leader, Lloyd Bannings. Encore une fois, c’est la cité de Crossbell qui se retrouve au centre de plusieurs évènements chaotiques et ce sera donc à vous de tirer les choses au clair à travers trois grandes routes (via une mécanique de gameplay baptisée Trails to Walk): la Route de Lloyd, la Route de Rean Schwarzer et la Route de C (un mystérieux homme masqué).

Soyons clairs dès le départ, si vous n’avez jamais touché à un autre épisode de Trails (notamment l’Arc Crossbell), vous risquez de vous détacher assez rapidement de celui-ci. Il y a bien eu un effort pour reprendre pas mal de contexte et de résumé des précédentes aventures, notamment via une section dédiée dans le menu principal, mais cela se fait par le biais de textes très denses (en anglais, faut-il le rappeler), et il faudra une certaine appétence pour les conflits géopolitiques afin de se laisser guider par ce nouveau scénario. De plus, le nombre de protagonistes est assez hallucinant et il est assez difficile de s’y retrouver parmi tout ce beau monde: il y a parfois des combats qui sont perdus d’avance mais ceux qui auront le courage de s’y plonger sont partis pour une aventure de 50 heures bourrée de rebondissements et de twists en tout genre. A noter qu’il existe six niveaux de difficulté, avec une incidence directe sur les combats, et que des récompenses sont disponibles s’il existe des sauvegardes de Trails from Zero ou Trails to Azure sur votre console, voire de Trails to Cold Steel IV.

D’un point de vue graphique, il ne faut pas s’attendre évidemment à une production AAA: le jeu reste tout à fait agréable, avec une patte artistique bien à lui, mais là encore, le rendu ne plaira pas forcément à tout le monde. Néanmoins, les différentes interfaces ont le mérite d’être claires et les illustrations en mode Visual Novel sont un vrai régal pour les yeux. Mais surtout, le studio est arrivé au bout du chemin sur l’utilisation de son moteur et cela se ressent: l’utilisation du cel-shading permet (théoriquement) de cacher certains faiblesses, mais difficile de passer à côté des problèmes de framerates en mode portable dont on se serait bien passé (surtout lors de l’exploration d’immenses environnements).

Toutefois, s’il y a quelque chose qui devrait rallier tous les suffrages, ce sont bien les combats qui profitent de plus de 20 ans d’expérience sur la série pour nous proposer un système éprouvé et modernisé. Tout est vraiment bien pensé et si je n’y ai pas pris autant de plaisir qu’un RPG récent diamétralement opposé (FF16), force est de constater que le fun est au rendez-vous, avec une énorme part de tactique durant les affrontements, notamment avec le système des bonus et malus aléatoires qui vous oblige à garder un oeil constamment sur l’historique des tours. Et dernier petit conseil pour la route: désactivez les vibrations si vous ne voulez pas devenir fous…

En revanche, pour un titre vendu à 60 Euros dans le commerce, il reste assez difficile d’accepter de voir autant de contenus téléchargeables payants disponibles dès le landement. C’est bien simple, si vous souhaitez acquérir l’ensemble des six packs proposés, il faudra débourser près de 150 Euros supplémentaires pour obtenir des costumes (dont des maillots de bain) ou des objets. On aurait pu espérer du contenu scénaristique supplémentaire, ou de nouveaux mini jeux, mais il n’en est rien et c’est particulièrement déceptif (même si l’on peut se dire que de ce point de vue là, le jeu est complet et se suffit à lui-même).

Au final, The Legends of Heroes: Trails into Reverie est l’un des meilleurs épisodes (si ce n’est le meilleur) de cette série de RPG qui fête ses 20 ans. S’il n’en porte pas vraiment le nom, il faut vraiment le voir comme étant l’épilogue ultime de l’Arc Crossbell mais également de l’Arc Erebonia (la série des Trails of Cold Steel), prémice d’un nouveau départ pour la série dès le prochain volet. Les fans de la première heure y découvriront un scénario dense et jouissif, là où les nouveaux venus risquent de s’y perdre dès les premières heures, surtout face à l’abondance de textes en anglais qui vous demanderont une très grande concentration. Avec un moteur qui commence à montrer certaines faiblesses, il est certain que le studio et la série sont à un tournant stratégique et il faut désormais espérer qu’un budget conséquent soit alloué afin de monter d’un cran dans la gamme vidéoludique, tout en proposant une localisation en français qui pourra faire venir de nouveaux venus. Et quoi de mieux que l’avènement d’un nouvel Arc pour tout remettre à plat ?

The Legend Of Heroes Trails Into Reverie Art
The Legend of Heroes: Trails into Reverie (Switch)
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